Il y a toujours eu de vieilles personnes dans ma vie, comme dans les
films de Miyazaki. J'ai toujours eu des amis de tous les âges, bien
avant d'avoir fait, à 25 ans, l'expérience anachroniquement précoce de
la vieillesse, de ses grâces et de ses servitudes. Nous vivons le plus
souvent en avance ou en retard de nous-mêmes, sans toujours trop savoir
quelle est notre horloge intérieure, ni comment elle fonctionne. C'est
presque une expérience rare de trouver midi à sa porte. Généralement, le
démon de midi nous pousse à demander sans cesse l'heure autour de nous,
comme si les pendules des autres étaient réglées sur un temps objectif,
capable d'apaiser notre inquiétude de vivre. C'est ainsi qu'à 50 ans,
on se prend à regarder d'un étrange regard l'adolescence, et cette
gloire dont elle se nimbe lorsque, au fil d'un insensible affaissement,
commencent à s'étrécir nos paupières.
Véronique Dufief est maître de conférences, ancienne élève de l'ENS de
Fontenay/Saint Cloud. Elle est l'auteur aux éditions de l'Echelle de
Jacob de Visages de « Femmes dans la Bible » et dirige la collection «
Visages » chez ce même éditeur. Elle est l'auteur chez Salvator de La
souffrance désarmée qui a reçu le prix du livre de spiritualité
Panorama/La Procure 2014.
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